ACACIAS : Réintroduire la nature au coeur de la ville
Acacias, un support de vie
Méthodologie
1
Lecture et synthétisation des différentes théories
2
Création d'un schéma de concept afin d'organiser les concepts clés
3
Identification des critères d'analyses suite au diagnostic des critères
Un poumon de verdure pour Acacias
Auparavant très minéral, le nouveau quartier Acacias vise à réintégrer la nature dans le milieu bâti. Le réaménagement de larges routes automobiles en rues piétonnes, plus étroites, permet d’attribuer un plus grand pourcentage de l’espace à la nature. De plus, la remise à ciel ouvert des rivières de l’Arve et de la Drize permet la création d’un parc linéaire et l’intégration d’un écosystème naturel dans le tissu urbain.
D’un point de vue quantitatif, l’emprise au sol des espaces vert peut se calculer en mesurant la surface d’espaces verts par rapport à la surface totale du quartier (Dubois, 2014). Dans le cas du quartier Acacias, 64% de la superficie du quartier est consacrée aux espaces ouverts et accessibles permettant l’introduction de végétaux, donc plus de la moitié de la surface totale. Plus encore, il est prévu de créer une canopée recouvrant 21% de la surface du quartier, contrairement à 2% actuellement. Ces éléments végétaux multipliés contribuent au refroidissement de l’air grâce à l’évapotranspiration ainsi que par l’augmentation de l’ombrage au sol (Dubois, 2014). De plus, les deux stationnements centralisés seront convertis en souterrain permettant de dégager des espaces qui seront dédiés à la mobilité douce, incluant une végétalisation variée et abondante. Cette initiative favorisera l’ajout de végétation ainsi que la lutte contre les îlots de chaleur (Pigal). (République et canton de Genève, 2023)
Ensuite, l’introduction du parc linéaire permet également créer plusieurs points de repère dans le quartier qui permettent aux promeneurs de reconnaître rapidement dans quelle portion de la ville ils se trouvent. Selon Bentley (1985), cette qualité d’un lieu saisissable se nomme « lisibilité » et se traduit par la bonne compréhension de l’espace. Dans cet esprit, la forme physique du lieu doit concorder avec l’utilisation qu’on en fait. Dans le cas du projet du quartier Acacias, la remise à ciel ouvert de la rivière constitue un des éléments centraux du réaménagement. Artère la plus large du projet, une importance nouvelle à la nature peut y être lue. Ce parc linéaire se distingue du reste du projet et il y est donc facile d’en comprendre son importance. Il mène directement à la place de l’étoile, espace public central du quartier.
Finalement, une réévalution de la place de la nature dans l’imaginaire collectif des genevois.e.s peut être projettée par la réalisation du quartier des Acacias. Concrètement, un des objectifs du projet est de changer le rapport à la nature qu’ont les citoyen.ne.s. Par la réinsertion d’espaces fortement végétalisés, les instigateur.trice.s du projet souhaitent renouer les liens entre la ville minérale et la géographie du site. La promenade riveraine ne serait d’ailleurs plus perçue uniquement comme une ressource procurant des biens et services à l’humain tel qu’autrefois, mais plutôt comme un élément central de son milieu de vie. Le parc linéaire de la Drize sera aménagé de sorte que les citoyen.ne.s puissent apprécier la présence de l’eau et y avoir un contact direct. En ce sens, le système hiérarchique plaçant l’humain au-dessus de tout système écologique est remplacé par un paradigme relationnel où l’être humain et son milieu se retrouvent côte à côte sur une échelle de préoccupation. (Messier, 2022 ; Larue et al., 2013)
Le parc linéaire urbain de la Drize :
jouer avec la force de l'eau
Le processus de transformation du quartier Acacias s'accompagne d'une approche réfléchie de la gestion des eaux pluviales, intégrant la collecte des eaux de surface et la maîtrise des risques de crue (PAV, 2023). Un élément clé de cette démarche est la mise en scène de l'eau au cœur de la ville, où la rivière devient le fil conducteur central de l'ensemble du PAV. Le projet s'inscrit dans la lignée du Water Sensitive Urban Design (WSUD), intégrant la gestion des eaux pluviales aux aspects écologiques, sociaux, culturels et économiques du développement urbain.
La section urbaine de la Drize présente des risques réguliers de crues et d'inondation, nécessitant des aménagements spécifiques pour assurer la sécurité des habitants et la préservation des biens (PAV, 2023). La protection des écosystèmes humides et hydriques est une priorité, impliquant l'aménagement de la ripisylve comme lieu propice à la biodiversité (Atelier LD, année). Cela inclut l'agrandissement du lit de la rivière et la déviation des rivières de la Drize et de l'Aire, prenant en compte la topographie et les reliant à leur bassin versant d'origine (Monbaron-Jalande, 2023). En permettant une meilleure compréhension de la topographie et du parcours de la rivière, le projet contribue à faciliter l’orientation et rendre l’environnement interprétable par ses utilisateurs. La lisibilité du lieu, selon Bentley (1985), permettrait dans ce cas une interaction plus fluide et efficace avec l'espace environnant.
Les espaces tampons aménagés en bordure de la rivière contribuent également, d’une certaine manière, à augmenter ce que Bentley (1985) appellerait la robustesse du quartier. Pour l’auteur, la robustesse fait référence au large éventail de possibles activités auxquelles peut convenir l’espace. Dans ce cas les possibilités sont relatives aux besoins en termes de réponse aux aléas climatiques. En cas de débordement riverains, des zones de végétation perméables sont conçues pour être submergées et accueillir temporairement les eaux qui s’écouleront progressivement. En temps normal, ces lieux sont utilisés par les habitants du quartier comme espace public de repos ou de transit.
Pour garantir la qualité de l'eau, des zones en amont sont contrôlées et protégées, tandis que des arbres et des plantes agissent comme des filtres naturels (Monbaron-Jalande, 2023). La réutilisation des eaux pluviales est encouragée par la désimperméabilisation des surfaces, des fosses de plantation continue le long des édifices, des toits végétaux, des surfaces perméables, et des cuves de récupération des eaux pluviales (Atelier LD, 2023). Il favorise une compréhension claire des systèmes écologiques, de gestion de l'eau et des espaces récréatifs, créant ainsi une interaction plus harmonieuse entre les habitants et leur environnement. La valorisation de l'eau en tant que ressource précieuse est intégrée à travers la gestion des eaux grises et la réduction de la consommation d'eau dans les toilettes. En transformant l'espace terrestre en habitats fauniques récréatifs, l'environnement devient attractif avec des aménagements urbains de qualité le long des 2.5 kilomètres de la rivière. Cela crée un microclimat, agissant comme un îlot de fraîcheur pendant les périodes de sécheresse (Monbaron-Jalande, 2023).
La remise à ciel ouvert des rivières de la Drize et de l'Aire, avec une promenade le long de la rivière, constitue une stratégie majeure pour améliorer les valeurs visuelles, sociales, culturelles et écologiques du territoire. En plus d'être un lieu rassembleur, cette initiative contribue à la création d'un espace urbain de qualité et accessible, conçu en séquences pour offrir une variété d'activités et d'aménagements (Bonnet, 2023). Cette variété d'activités et d'aménagements contribue à rendre l'environnement plus lisible, offrant des repères visuels et fonctionnels clairs. La conception en séquences permet aux utilisateurs de comprendre intuitivement les différentes zones et leurs utilisations prévues, renforçant ainsi la lisibilité de l'espace (Bentley, année).
Enfin, ces mesures sont économiquement réalisables, répondant aux objectifs de sauvegarde des biens résidentiels vulnérables et palliant les impacts des changements climatiques (PAV, 2023).
Composition urbaine et mobilité : favoriser le transfert modal
Le quartier des acacias a été pensé en vue de créer un milieu de vie complet. S’éloignant d’un développement strictement résidentiel, le quartier se doit de répondre à certains critères de qualité pour un environnement optimal. Cet environnement inclus entre autres des lieux de rassemblements identitaires, tels que mentionnés avec la création du parc linéaire de la rivière, mais également avec la mise en valeur d’une nouvelle place centrale. La présence d’un réseau de mobilité durable, de services publics (bibliothèques, écoles, hôpitaux, etc.) et de commerces de proximité (ge.ch.sd) contribue également à la vitalité du quartier. Nous verrons comment ces usages sont traduit à travers la forme urbaine.
D’abord, La place centrale Acacias 1 est conçue comme un point de convergence au sein du quartier, favorisant des trajets fluides entre les voies publiques, l'école primaire et la rivière (Bonnet, 2023). Bordé par des commerces, cet espace se veut inclusif, sécuritaire et animé tout au long de l'année. Sa configuration en îlot triangulaire et son empreinte au sol évoquent les places piétonnes présentes à Genève telles que la place de la Navigation et la place des Alpes. Ces espaces contribuent également positivement à la lisibilité du secteur puisqu’ils constituent des lieux la fois importants en superficie et en signification. Les structures urbaines adjacentes se composent d'espaces résidentiels inspirés des îlots présents dans la ville, incorporant des jardins collectifs au cœur de ces ensembles.
Dans cet ordre d’idée, la nouvelle fonction du quartier nécessite un tissage urbain plus serré. Une partie du réseau viaire de l’ancien tracé est maintenue, mais celui-ci est néanmoins grandement bonifié, favorisant la perméabilité du quartier. La perméabilité, selon Bentley (1985), est une qualité relative à l’accessibilité d’un lieu, soit au nombre de voies alternatives permettant d’y accéder. Elle serait également l’une des plus importante pour des environnements urbains vulnérables. La perméabilité de la trame permet la libre circulation entre les îlots et limite le nombre de détours imposés pour un parcours donné. La piétonisation est alors encouragée par la recherche de cette qualité puisque les trajets peuvent être plus courts et facilement marchables. Des rues nouvelles ont été aménagées par rapport aux tracés initiaux du quartier, ce qui encourage les trajets actifs plus directs. Des accès réservés pour les cyclistes et piétons ont même été pensé afin de permettre aux usagers de traverser certains corps de bâtiment plus imposants, sans en limiter l’usage. De plus, la composition des îlots résidentiels permet la déprivatisation des cours intérieures, puisque des passages piétonniers y sont aménagés. Ce faisant, peu d’espaces sont fermés aux publics et/ou infranchissables pour les usagers du quartier qui auront l’option de choisir leurs parcours privilégiés.